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Audrey Miclard (Groupe Kiloutou) : « Aujourd’hui, nous parlons autant enjeux carbone que financiers avec nos clients »

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Audrey Miclard

Directrice du développement durable
Groupe Kiloutou

Malgré son image de loueur grand public, Kiloutou, né dans le nord de la France il y a plus de 40 ans, recense 95 % de clients professionnels, dont les plus importants sont Vinci, Eiffage et Bouygues. Audrey Miclard, directrice du développement durable, revient sur la stratégie du groupe pour doper sa performance environnementale.

Les Enjeux Innovation B2B : Pouvez-vous présenter Kiloutou en quelques chiffres clés ?
Audrey Miclard : Notre réseau est constitué de 550 agences et 6000 équipiers, avec un chiffre d’affaires avoisinant les 750 millions d’euros en 2019 et 95% de clients professionnels. 80% de notre activité se passe en France, avec 450 agences et 5000 équipiers. Le reste se trouve en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Pologne. Nous travaillons sur quatre familles de matériels : le terrassement, l’élévation, les véhicules utilitaires et l’outillage (notre activité historique).

Pouvez-vous retracer une chronologie des initiatives lancées pour améliorer la performance environnementale du groupe ?
Les premiers bilans carbone en 2012 nous ont permis de passer du simple respect de la règlementation à une démarche plus engagée. Nous sommes, par exemple, les premiers loueurs à avoir inscrit sur nos factures le bilan carbone d’une location. En 2018, la question de l’environnement, en termes de stratégie, s’est réellement posée avec une volonté d’accélérer sur le sujet.

Nous avons depuis posé noir sur blanc notre politique environnementale, avec nos objectifs et nos engagements. Premier pilier de cette politique : respecter la réglementation. J’enfonce une porte ouverte, mais c’est si énergivore que cela nous semblait primordial de le mettre en avant. Deuxième pilier : l’engagement – nous souhaitons réduire nos émissions directes de 40 %. Les entreprises ont tendance à ne pas s’engager car elles craignent d’être taxées de « greenwashing », c’est dommage… Nous, nous nous engageons à communiquer encore et toujours sur le sujet. Troisième pilier : réduire les impacts de nos agences. Enfin, trois autres piliers complémentaires : travailler avec nos parties prenantes, nos clients et nos équipiers pour accélérer sur l’urgence climatique.

Comment la crise sanitaire a-t-elle joué sur cette démarche ?
En février 2020, toutes les planètes étaient alignées et nous avons présenté notre politique environnementale sous l’impulsion de notre président. Olivier Colleau a voulu prendre ses responsabilités et mobiliser la filière, car en tant que loueur, nous nous retrouvons entre les constructeurs/fournisseurs de matériel et les clients. Le Covid a d’abord tout arrêté : les chantiers, comme les initiatives en interne – il a fallu trancher et faire des choix économiques, ce qui à l’époque était le plus raisonnable. Mais, début 2021, nous avons senti l’envie renaître, en interne comme auprès de nos clients. Nous avons organisé les Rencontres du Matériel Durable avec toutes nos parties prenantes pour travailler ensemble sur une feuille de route autour de ce matériel durable, en prenant en compte les enjeux financiers. Puis nous avons missionné le cabinet Carbone 4 pour effectuer une étude, neutre, sur les émissions de CO2 comparées entre les différentes technologies de matériel et leur cout total de revient.

Nous en avons aussi profité pour développer notre gamme Impakt de matériels alternatifs. Nous avons pris notre bâton de pèlerin pour communiquer, pour parler autant carbone qu’enjeux financiers. Ces matériels sont plus chers, mais ils émettent moins de CO2 et sont plus intéressants pour la santé : ils font moins de bruit, ce qui accroit le confort des compagnons des chantiers et des riverains, et émettent moins de particules fines. Ces sujets émergent régulièrement lors de nos recrutements. La crise sanitaire a, avec le recul, permis d’accélérer ce mouvement de fond dans la société.

Quel est l’apport du numérique dans tous ces projets ?
La télématique, les informations que nous récupérons sur l’utilisation de nos matériels, est un véritable enjeu pour le climat – même s’il va falloir continuer à vivre avec du matériel thermique. Tout ne va pas être verdi tout de suite. Donc, accompagner nos clients en leur poussant de la data pour optimiser la consommation de leurs matériels, qu’ils soient thermiques ou électriques, c’est très important. Je vous en parlerai davantage au cours de mon intervention lors des Enjeux Innovation B2B 2022.

La crise des semi-conducteurs, et plus récemment, la guerre en Ukraine, aura-t-elle un impact sur votre activité ?
La pénurie dans le secteur des semi-conducteurs est très problématique pour nous, car elle engendre des retards sur les livraisons de nos commandes. Ces dernières sont quasi-complètes, mais elles restent bloquées sur les parkings de nos fournisseurs car ça et là, il manque un composant… Le renouvellement de nos matériels est donc compromis.

En conséquence, cela va avoir un impact sur notre stratégie climat, car ces nouveaux matériels sont généralement moins polluants – nous restons donc avec nos anciens matériels. Et qui dit pénurie, dit aussi augmentation des prix – c’est donc aussi un enjeu financier. C’est, à ce jour, notre point d’attention le plus important.  Quant à la guerre en Ukraine, il est trop tôt pour évaluer son impact, mais il y en aura surement – de façon indirecte en tout cas.

Audrey Miclard interviendra lors de la session « Améliorer sa performance environnementale et celle de ses clients » de la prochaine conférence Les Enjeux Innovation B2B 2022 le 7 avril à Paris.

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